La diversité des générations et de leurs talents émerge de toute forme d’expression manuelle. Cette fidélité à la filiation ancestrale est un respect de tous ceux qui nous ont précédés en nous confiant leur héritage. Doués, ils l’étaient donc à tous les sens du terme ces aïeux puisque leur don se retrouve dans des oeuvres majeures ou plus modestes, ou carrément personnelles et intimes, au XXIème siècle. Quoi qu’il en soit, ils se sont tous inspirés de la condition humaine, c’est-à-dire de leurs propres souffrances du moment, chaînes sociétales muselant ce qui veut pourtant émerger : la liberté. De penser, d’agir, de transmettre… Mais ils y sont parvenus, ces ancêtres méconnus, dans la mesure où si l’aiguille de la couturière ou de la brodeuse a ravi une élégante en 1900, Christian Lacroix (quel superbe patronyme), par exemple, n’oublie pas le geste précis de toutes ces petites mains aujourd’hui endormies… La peinture, le dessin, la sculpture, tous les métiers manuels honorent de leur côté, dans tous les pays du monde, chaque jour, le travail généreux et didactique des précurseurs d’antan, de tous ceux qui se sont engagés à cristalliser joliment ce qu’ils ont vécu. Ainsi, les périodes dramatiques de l’Histoire se sont adoucies un peu grâce à des ébénistes, célèbres ou pas, mais dont on apprécie, dans les châteaux qui se visitent ou chez soi, le talent majestueux au détour du galbe d’une commode. Tout comme, enfant, la marqueterie d’un secrétaire aura pu décider implicitement du futur choix professionnel d’un menuisier… Quant à nos villes, ne sont-elles pas «notre» fierté alors que les tailleurs de pierre des siècles passés ont laissé leur énergie – et souvent leur vie – dans ce qui sont devenues des oeuvres monumentales… De quoi éclaircir notre vision de l’expression manuelle, ce véritable trésor qui n’appartient qu’aux Hommes… |
