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" Un tableau d’Utrillo est animé "
 

 

 

 


Le dictionnaire simplifié de la peinture

U comme...

Utrillo

Uccello
Ugolino

 

 

Utrillo Maurice (1883-1955)

Ce peintre français est le fils de Marie-Clémentine Valadon, connue sous le nom de Suzanne Valadon. Sa mère est peintre et modèle à Montmartre. Elle élève seule Maurice qui est né de père inconnu (il s’agit en fait de Maurice Boissy, peintre raté, marginal et alcoolique). Pourtant, à l’âge de 8 ans, Miguel Utrillo y Molins lui donne un nom, le sien. Artiste de talent évoluant à Barcelone, cette adoption pourrait être une aubaine pour le jeune garçon. Il n’en est rien : bien que faisant ses études au collège Rollin, il fugue et s’alcoolise. Sa scolarité écourtée, un coup de pouce de l’entourage de sa mère lui permet de devenir employé de banque. Les débuts sont prometteurs mais ses sautes d’humeur font qu’il perd son emploi. Violent, querelleur, il est hospitalisé à Sainte-Anne dans le but de le désintoxiquer. La psychanalyse en est à ses débuts mais à Paris on parle déjà de la méthode freudienne. Un psychiatre insiste pour que Suzanne Valadon initie son fils à la peinture afin d’exprimer son mal-être sur la toile. Maurice Utrillo accepte et adore recouvrir le support d’une matière d’une rare épaisseur. Le travail du peintre en herbe interpelle notamment Clovis Sagot, marchand réputé. C’est plus qu’un encouragement. Utrillo va mieux, la toile claircit. De 1910 à 1915, il développe ce qu’il appelle sa « période blanche ». Si Libaude, autre marchand réputé, l’exploite, il lui permet aussi de rencontrer Francis Jourdain et Octave Mirbeau qui parlent à leur tour d’Utrillo comme d’un talent exceptionnel. Sa carrière démarre véritablement : en 1909, le Salon d’automne l’accueille. Malheureusement, il vit pauvrement, traîne dans le Bistrot du Casse-Croûte et boit de plus en plus. Il fait une nouvelle cure de désintoxication qui le tient éloigné des débits de boisson pendant deux mois. À sa sortie d’hospitalisation, Maurice a envie de peindre plus que jamais. Sa mère le conseille et le pinceau sur la toile laisse apparaître maintenant des formes plus structurées. Cependant, son état mental se dégrade et il retourne à l’asile psychiatrique. En 1919, Utrillo va mieux, au point que la galerie Lepoutre l’expose. C’est un succès. Le moral s’en ressent favorablement, les finances aussi ! Conscients de ses défaillances psychiques et de son génie pictural, certains galeristes en profitent. Le déséquilibre se renforce. Utrillo fait alors une tentative de suicide. Suzanne Valadon cherche à couper son fils de Montmartre et y parvient. Il se marie en 1935 avec Lucie Valore. C’est une bonne chose car son épouse surveille sa santé, ses finances et les marchands ! Entre temps, Maurice Utrillo est devenu un peintre célèbre. Il est décoré de la Légion d’Honneur en 1928 par le ministre Édouard Herriot en personne. En ce qui concerne son style, les avis divergent. Indépendamment de l’œuvre assez impressionnante qu’il a laissée, sa peinture présente une caractéristique de mouvements unique : un tableau d’Utrillo est animé, vivant, invitant le chaland à descendre une ruelle avec lui ou à emprunter une rampe d’escalier. Pour certains, l’artiste fait montre d’impressionnisme. Utrillo ne s’y opposait d’ailleurs pas, lui qui aimait le travail de Sisley. Mais une de ses singularités éclate dans sa capacité à représenter la noirceur de sa banlieue parisienne. Utrillo est le pinceau lui-même. Sa mélancolie est support (Rue du Mont-Cenis, 1914). Maurice est malade, il le fait savoir par son travail. Il implicite ici que beaucoup d’autres sont malades, comme lui, ceux qu’il a rencontrés lors de ses nombreux séjours en asile et qui n’ont pas eu la chance d’avoir été initiés par une mère peintre. C’est pour eux qu’il peint, c’est à eux qu’il est relié en permanence. Maurice Utrillo est fou certes mais il offre sa folie à ses compagnons de route. Autodidacte il était et de cela, il n’avait « cure » car Utrillo a avant tout représenté les méandres de l’inconscient quand le non du père et le Nom-du-Père font défaut. Cette forme de désespoir peut se partager. Il y est parvenu.


 

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