Magnelli Alberto (1888-1971)
Ce peintre florentin a eu très tôt de très bonnes fréquentations ! Effectivement, dès 1914, Paris lui permet de rencontrer Picasso mais aussi Léger. Apollinaire compte également parmi ses amis. Rapidement, Alberto Magnelli trouve son style : s’il se veut figuratif, la simplification de ses représentations donne une force surprenante à ses œuvres. L’artiste joue du contraste. Le trait noir, incisif, tranche nettement les aplats de couleurs non nuancés. On sent alors un air de Futurisme dans ce travail, mouvement confirmé par l’abstraction signifiante de ses Explosions lyriques. Alberto Magnelli aime décidément Paris qu’il quittera rarement. Au fur et à mesure de son évolution picturale, il allège les formes, ce qui lui permet de saluer les atouts du Cubisme (Pierres, 1931-1935). Si la guerre de 39 est terrible, malgré le désarroi qu’elle engendre sur le sol français, elle permet à Magnelli de gagner le village de Grasse. S’y trouve Arp, Taeuber, Sonia Delaunay… Des rencontres décisives qui font prendre un virage artistique visionnaire au peintre. Est-ce la débâcle française qui l’influence inconsciemment aussi mais Magnelli fragmente carrément maintenant ses œuvres. Constructivisme et Art concret s’emparent des supports, qu’il s’agisse de peinture à l’huile ou de collages. Les tons ne trichent pas sur la toile, ils sont fidèles à l’idée de transmission que s’en fait le peintre. Puis vient la période où Magnelli empile carrément des plans, séparés toutefois par des lignes droites alternant les noirs et les blancs : Face au large (1955) ou encore son œuvre magistrale Équilibre (1958), représentations suivies quelques années plus tard par ses Intersections n° 11 (1965). Le pinceau quitte un peu moins la toile, les schizures sont moins marquées mais le trait se veut plus insistant. Ce remarquable artiste avant-gardiste a su développer tout au long de sa carrière une alternance louable entre anticipation et fidélité. Les œuvres d’Alberto Magnelli sont plus que jamais actuelles. La ville de Paris ne s’y est pas trompée, elle qui possède et donne à voir un grand nombre des tableaux de l’artiste.
