L'art de la peinture s'est imposé de tout temps autour de la conviction implicite que ce moyen d'expression libère les émotions. Comme l'art en règle générale d'ailleurs. Des réactions inattendues aux phénomènes expressifs sur le support artistique, l'inconscient - alors en lien avec la conscience - pétrit, durant une période qui lui est propre, une forme-pensée : le contenant, ici, traduit et manifeste dès lors l'intériorité, c'est-à-dire aussi bien les failles narcissiques que les tensions inhérentes à la pesanteur et au joug transgénérationnels, pour enfin devenir une mise en scène savante, libre de tout investissement. Le psychodrame qui se joue au bout du pinceau du peintre ou au bout des doigts du sculpteur ou au bout du crayon du dessinateur permet le transfert. L'artiste se donne à qui veut bien l'accueillir sans qu'aucun enjeu limite désormais ce dialogue muet, discret et chargé du seul sens dont chacun décide de l'affubler. L'artiste, même s'il en doute, se sait in fine toujours reconnu puisqu'il n'est jamais que cet autre qui déshabille du regard son travail... Sempiternellement...

Ivan Calatayud*

*Extrait d'une conférence donnée par l'artiste à l'Espace Reuilly à Paris, sur le thème " De l'art-thérapie à la sublimation ", dans le cadre du Salon du Livre Psy organisé par la Société Psychanalyse Magazine